Pot à pharmacie

Nous présentons ce-mois ci un pot à pharmacie en terre de Naples, à décor végétal appliqué.
Objet rare dans la production sarregueminoise, seuls trois exemplaires nous sont connus: un au musée, une paire dans une collection privée.


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Les catalogues de vente de la faïencerie au début des années 1840 nous enseignent que la dénomination exacte de l'objet était « pot à pharmacie à couvercle forme cylindrique ». Cinq tailles étaient proposées. Les trois exemplaires cités sont de taille 1, la plus importante, 180 mm de hauteur (sans le couvercle), d'un diamètre de 112 mm. Il en coûtait pour les acquérir 1,25 Fr pour les 1er et second choix, 1,10 Fr pour le 3ème choix.



Ces formes étaient également fabriquées à la faïencerie de Sarreguemines à cette époque en terre Carmélite, proposées avec des engobes jaunes ou noirs, ou rehaussées de marbrures.
L'objet ne présente pas de marque de fabrique. La décoration, une frise végétale en relief, est moulée séparément, puis appliquée sur la pièce à l'aide d'une pâte liquide, la barbotine.

Dans cette production sarregueminoise, aucune inscription sur la pièce ne précise le contenu, le pharmacien collait une étiquette, généralement à caractères d'imprimerie noires, qui indiquait le produit.

La terre de Naples est une faïence fine dont la pâte, après cuisson, devient jaune.
Le choix de son nom découle probablement de sa ressemblance avec un colorant très utilisé au 18e siècle, le jaune de Naples.

Dans un mémoire adressé en 1834 aux organisateurs de l'exposition de l'industrie à Paris par les propriétaires de la faïencerie des rives de la Sarre, on peut lire: « Nous avons enrichi encore notre industrie d'une terre que nous nommons couleur jaune de Naples, qui sort de nos ateliers tant en uni qu'en fond noir, marbré et même garni de relief noir. Cette terre résiste à l'action du feu, sa solidité et son bas prix sont appréciés par le public qui la recherche. »

Les pots à pharmacie sont aussi vieux que l'art de guérir. Ils ont été produits dans une large palette de matériaux.

En 1545, l'apothicaire Pierre Dubosc commandait au rouennais Masséot Abaquesne plus de quatre mille pots à pharmacie.
A la fin du 16e siècle et au début du 17e, une production de pots à pharmacie reprenant des motifs décoratifs italiens est citée à Lyon.
Suivant les époques et l'usage qui leur était destiné, les formes des pots à pharmacie ou d'apothicaires sont diverses: l'arabello, le pot à canon, la bouteille à panse sphérique ou aplatie, le pilulier, des pots à forme ventrue rehaussés d'un couvercle...

Mais on retiendra surtout celui qui répond au doux nom de « chevrette », une cruche avec une anse et un bec verseur, destinée à contenir des remèdes liquides et que seuls les apothicaires avaient le droit de posséder et d'étaler à la fenêtre de leurs officines.

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extrait d'une page du catalogue cité plus haut dans cet article
A.B.

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